Valérian, l’insulte au féminisme

Certains films font avancer les mentalités, d’autres vous ramènent des décennies en arrière ; Valérian et La cité des mille planètes fait malheureusement partie de cette deuxième catégorie.
Hier j’étais invité par Orange à l’avant première du film Valérian et La cité des mille planètes par Luc Besson. Loin du naufrage annoncé par la critique américaine, le film est excellent d’un point de vue visuel et artistique, mais comporte des failles incroyables dans le scénario et des longueurs intergalactiques !
Hormis les tableaux magnifiques dépeint dans ce film de science fiction, ce qui m’a le plus interpellé pendant les 2h30 d’odyssées spatiales, c’est l’incroyable traitement misogyne qui est réservé aux personnages féminins…

Laureline pas bankable ?
Le film est directement adapté de la bande dessinée Valerian et Laureline, un duo d’agent galactique parcourant l’espace en quête d’aventure… Dans l’adaptation de Luc Besson, le personnage féminin est tout simplement retiré du titre du film ! Un détail anodin ou un choix marketing pour rendre le film bankable ? Peut être… mais ce choix relègue directement Laureline, personnage initialement combatif et féministe en tant que simple acolyte dont la seule utilité est d’être la future girlfriend du personnage masculin !
Laureline, le love interest
Cara Delevigne interprète aux premiers abords un personnage fort et indépendant qui est rapidement relégué en tant que simple love interest de Valérian. D’indépendante elle devient presque une femme soumise à son partenaire narcissique, quitte à lui supplier un merci lorsqu’elle vient à son secours…

Bubble, la femme en détresse
Un des autres personnages victime du machisme ambiant du film est le personnage interprété par Rihanna : Bubble, une alien capable de changer d’apparence à volonté.
Valerian, rencontre Bubble dans une maison close un club de striptease, alors qu’il essaye de sauver Laureline… dit comme ça c’est vraiment étrange. L’alien, esclave d’un proxénète est finalement sauvée de sa condition par Valerian… après un strip-tease bien entendu !
Hormis le sexisme flagrant… où est la logique ? Un alien change forme, a-t-elle réellement besoin d’un cowboy de l’espace pour échapper a sa condition d’esclave sexuelle ? Honnêtement, je ne pense pas.
2740, la parité homme femme, une utopie.
Le film débute avec des ellipses narratives, expliquant comment la cité des milles planètes s’est formée à partir d’une station spatiale humaine. Chaque plan montre un haut représentant humain accueillant une espèce extraterrestre. Devinez quoi…dans la dizaine de rencontres montrées à l’écran, aucun des leaders n’était une femme. Idem dans tout le récit.
Valérian, le machisme galactique
Valérian est le héros typique auquel on nous habitue depuis des décennies, courageux, désinvolte, tête brulée, confiant et incroyablement machiste !
Avec des répliques dignes d’articles du site artdeseduire.com, Valerian tombe pour moi dans un vaste cliché de player beauf. Et devinez quoi ? SPOILER ALERT il finit en couple avec l’héroïne… si ça c’est pas la magie du cinéma !
Morale de l’histoire ? Comportez-vous en macho pervers narcissique et vous finirez au lit avec Cara Delevigne !
Valérian n’est pas le problème en soit. C’est la globalité des héros masculins dans les films grands publics qui pose problème selon moi. Quand des films comme Fantastic Beast s’extirpent de se carcan et proposent un premier rôle masculin sensible, réfléchi et généreux, celui-ci est descendu en flèche par la critique et les spectateurs par manque de charisme !
Le vrai problème n’est-il pas là ? Sommes-nous, en tant que spectateur cantonnés à une vision du masculin et du féminin au cinéma ? Pour être intéressant, l’homme doit-il toujours être un player courageux avec une fille en détresse qu’il doit sauver ?
Les personnages principaux féminins doivent-ils obligatoirement être des créatures de rêves sexualisées à outrance pour qu’un film fonctionne ?
Qu’en pensez-vous ?
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